Nouveau monde
Matrice de la nouvelle économie d'après-crise - comprendre les articulations
Généraliser la logique du logiciel libre ?
Une autre démarche est d’imaginer un système contributif libre, au sens du modèle en cours dans le logiciel libre. Dans ce cadre, la relation de pair à pair devient centrale. Dans ce modèle, les individus travaillent en groupes, ils développent de la sociabilité et de la responsabilité collective.Bernard Stiegler parle alors de « déprolétarisation » : « On n’apporte pas seulement sa force de travail, mais du savoir … Et il convient de valoriser la possibilité qu’ont les gens de développer leurs capacités sociales, leur savoir, leur travail au sens fort du terme, plutôt que leur seul emploi. C’est la condition nécessaire pour reconstruire un modèle viable ».
Wikipedia
Sensorica
L’exemple le plus flagrant est évidemment Wikipédia, l’encyclopédie en ligne. Wikiupédia constitue un véritable modèle contributif puisque fondé sur la participation des internautes, produisant des externalités positives – c’est-à-dire une très grande valeur qui n’est pas monétarisée, mais qui produit énormément de connaissances et de monétarisations indirectes (des modèles d’affaires autour de Wikipédia). Evidemment, les contributeurs à Wikipédia ne demandent pas de rémunération ; mieux, ils ne contribueraient sans doute pas s’il y avait rémunération.
Mais on peut dépasser Wikipédia pour imaginer un système productif ouvert et libre appelant rémunération. L’exemple le plus abouti de ce type de démarche est l’entreprise Sensorica, une start-up canadienne qui fonctionne déjà de manière décentralisée et ouverte sur la base de contributions.
Sensorica, basée à Montréal, œuvre dans le secteur de l’invention et de la fabrication de senseurs et de capteurs, notamment à destination de la recherche biomédicale. L’entreprise se définit elle-même comme « un réseau de valeur ouvert, décentralisé et auto-organisé » ou encore « un réseau de production en commun de pair à pair ». La start-up est innovante dans le sens où toutes ses productions sont placées en Open Source alors qu’elle emploie elle-même des technologies ouvertes. Elle n’a pas en elle-même de personnalité juridique, elle n’a pas d’employés mais des contributeurs, qui peuvent apporter, selon leurs possibilités, de leur temps, de leurs compétences ou de leur argent. Ses membres forment plutôt un collectif, fonctionnant de manière horizontale, sans hiérarchie.Pour rétribuer financièrement les participants, la start-up utilise un système particulier qu’elle a créé et mis en place, l’Open Value Network. Ce système consiste en une plateforme qui permet de garder trace des différentes contributions. Un dispositif de notation permet aux pairs d’évaluer les contributions de chacun de manière à leur attribuer une certaine valeur. Cette valeur ajoutée des contributions confère à chacun un score et lorsqu’une réalisation de Sensorica atteint le marché et génère des revenus, ceux-ci sont répartis entre les membres en fonction de ces évaluations. Chacun est donc incité à contribuer au développement des biens communs ouverts que produit l’entreprise et celle-ci est donc bien organisée pour que ses membres se partagent réellement la propriété des moyens de production.
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Economie du libre
Deux modes de rémunérations directs sont envisageables dans cette économie de l’open production :
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Les value driven networks (ou “réseaux guidés par la valeur”) comme Sensorica : les contributions sont acceptées à priori, puis la communauté juge de leur valeur, et les rémunère en conséquence. Le contributeur peut ensuite devenir sociétaire.
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La Peer production Licence (ou “licence de production de pairs à pairs”, modèle défendu par Michael Bauwens, fondateur de la P2P Foundation) : toutes les personnes contribuant à la production d’un bien commun peuvent en bénéficier gratuitement, les autres doivent payer une licence pour l’exploiter (comme si Wikipedia n’était accessible gratuitement qu’à ses contributeurs).