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L'Innovation au coeur du régime de transformation 

il convient de capitaliser sur la créativité, souvent subjective et inhérente à la personne, quand bien même fruit de la collaboration et du partage, pour aller vers l’innovation, de nature plus objective et qui se fonde sur le groupe.

Verdier

l’économie de la multitude, Paris Tech Review, 2012 

« La technologie est évidemment le sous-jacent de la révolution numérique. Mais cette dernière consiste avant tout en un profond bouleversement des rapports de production, des échanges et du lien social. Elle a une dimension anthropologique. On pourrait parler d’un nouvel ordre industriel, voire d’un changement de civilisation. Or ce qui nous semble le plus significatif dans l’ordre émergent, plus encore que la macro-économie ou les progrès scientifiques, c’est le rôle des innovateurs radicaux : ceux qui s’emparent des possibilités scientifiques et techniques offertes par le progrès technologique et en font la synthèse pour proposer quelque chose d’inédit. Inventeurs, entrepreneurs ou même multitude, leurs propositions ne sont pas forcément technologiques. Elles ouvrent un régime d’échanges et d’interactions qui n’existait pas auparavant. »

Eloge de la sérendipité

Le terme « sérendipité » est issu de l’anglais serendipity qui signifie « don de faire des trouvailles ». La sérendipité, c’est la découverte de quelque chose par accident, c’est la trouvaille inattendue, c’est la lumière qui apparaît dans le brouillard, c’est la capacité à tirer parti de l’imprévu. 

 

La sérendipité serait donc un état d’esprit à cultiver pour faire des trouvailles. Mais au pays de Descartes, il est bien délicat d’inciter entreprises et chercheurs à fureter au grès du vent, à chercher le nez en l’air, en quelque sorte ! Il n’en est pas de même à l’étranger. Ainsi, aux Pays-Bas, les chercheurs disposent de leur vendredi pour méditer et se livrer aux délices de la sérendipité. De même, Google permet à ses salariés, surtout les ingénieurs, de consacrer 20% de leur temps à des projets personnels.

 

Dans le monde de l’Iconomie, la créativité est autant une affaire de hasard que de nécessité, vive la sérendipité donc !

Les nouveaux innovateurs

Fabien Eychenne, responsable du programme Refaire pour la Fondation internet nouvelle génération, revisite la nature d’innovation à partir du lead user qui peut être un :

 

- Consom'acteur, prosumer : Néologisme utilisé par le futurologue Alvin Toffler dans son ouvrage The third wave (1980) pour décrire le brouillage entre les notions de consommateurs et de producteurs.

 

- Pro-Amateur (Proam) : Le terme "proam" contraction de "professionnel amateur" a été popularisé par Charles Leadbeater en 2004 dans l'ouvrage The Pro-Am Revolution. Il s'appuie sur les nouvelles pratiques développées par des "amateurs" dont les compétences et connaissances s'approchent de celles professionnelles.

 

- Bricodeur (hacker) : Dans son acceptation actuelle, le hacker, plus qu'un pirate, est avant tout un bricoleur ou plus précisément un "bricodeur" (car c'est sur le code qu'il travaille). C'est une personne qui aime explorer les possibilités techniques des systèmes d'information pour en tester les limites, les améliorer, en détourner les usages, etc.

 

- Faiseur (maker) : Popularisé par la revue Make Magazine (2005), les "makers" sont le pendant des bricodeurs dans le "monde physique". Ce sont des passionnés (Hobbyists) qui s'intéressent à des projets autour des technologies, de la science en détournant, bricolant, et en créant des produits et autres objets par eux-mêmes.

 

- Bricoleur (DIYer) : La traduction de "DIY'er" en Français n'est pas évidente : ce serait des bricoleurs sans la connotation péjorative associée à ce terme. Les bricoleurs regroupent l'ensemble de ces amateurs "non professionnels".

Innovation radicale ? 

 

On observe un foisonnement d’innovations, à la fois en termes de proposition de valeur (services nouveaux dans le domaine de la consommation collaborative par exemple) et de chaîne de valeur (la migration de l’entreprise traditionnelle, hiérarchique, en silo vers l’entreprise sociale et collaborative). Bref, chacun porte une idée créative, une proposition, une inspiration qu’il traduit en idée business, en proposition commerciale, en logique d’amélioration de gestion.


​Mais au-delà de ce foisonnement visible, il est un autre débat, une thèse développé outre-Atlantique selon laquelle nous serions en fait englués dans un système technique –et d’innovation- largement figé. Selon cette thése, nous serions en panne d’innovation radicale, en tout cas dans le domaine du numérique, comme si nous savions créer de nouvelles applications pour smartphone mais pas l'internet de demain.

La transformation des modèles d’innovation 

Parmi les nouveaux modèles d'innovation : 

  1. L’Innovation ouverte désigne le fait pour l’entreprise d’adapter son organisation et ses processus de manière à enrichir son approche d’avis, idées et suggestions externes. Elle apporte des idées ou des solutions à des questions / problématiques auxquelles l’entreprise ne savait pas répondre en interne, du fait des compétences ou des méthodes installées.

  2. L’Innovation tirée par les usages (usage-led) s’établit lorsque l’entreprise identifie et évalue de possibles Innovations grâce à l’observation des utilisateurs en situation d’usage de l’offre. Elle permet de mieux comprendre les comportements et les besoins des utilisateurs de façon à créer ou adapter les produits ou les services.

  3. L’Innovation tirée par une communauté (community-driven) s’opère lorsque l’entreprise encourage une communauté à contribuer activement au processus d’Innovation en testant les nouveaux produits ou services. Elle permet, par les remontées des premiers utilisateurs, d’accélérer le développement et la maturité du produit ou du service. On parle également d’innovation ascendante

  4. .L’Innovation Bottom of the Pyramid part quant à elle des besoins fondamentaux des populations du bas de la pyramide économique pour développer des offres adaptées. Elle permet de repenser l’offre ou le modèle économique en s’appuyant sur les effets de volume des populations à faible pouvoir d’achat

Open innovation

Quoiqu’il en soit, ce qui apparaît clairement, c’est que l’innovation n’est ou ne sera possible que dans une logique de co-conception, ce que l’on appelle l’open innovation. Ce processus d’open innovation s’opère parfois dans le cadre de partenariats hétérodoxes, avec des acteurs non traditionnels de la filière : villes, acteurs du numérique, start-ups, opérateurs de télécommunication, organismes de formation … .

 

Un pas plus loin, vers la transformation radicale que nous décrivons dans cet ouvrage, l’innovation open source peut également fonder un nouvelle politique d’innovation. Yann Moulier Boutang présente ainsi le logiciel libre comme le modèle productif propre au capitalisme cognitif. L’exemple Wikipeed illustre cela, à l’articulation d’une innovation ouverte et d’une production collaborative.

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